Expertises
Droit, technologies & prospectives

interview / Philippe Latombe

Souveraineté numérique : idéal ou réalité ?

Droit, technologies & prospectives

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EXPERTISES N°511 - avril 2025 - Souveraineté numérique : idéal ou réalité ? / Philippe Latombe
N°511 – avril 2025
EXPERTISES N°510 - mars 2025 - LA LIBERTÉ D’EXPRESSION MENACÉE PAR LE RGPD ? / Alexandre FIÉVÉE
N°510 – mars 2025
EXPERTISES N°509 - février 2025 - RÉSOUDRE LES LITIGES DE CRYPTOMONNAIES / Christophe DUGUÉ
N°509 – février 2025
EXPERTISES N°508 - janvier 2025 - L’IAG pour les juristes, Oui mais avec précautions / Yannick Meneceur
N°508 – janvier 2025
EXPERTISES N°507 - décembre 2024 - LE RGPD, UNE AVENTURE LÉGISLATIVE / Jérôme DEROULEZ
N°507 – décembre 2024
EXPERTISES N°506 - novembre 2024 - L’IA POUR LA PRÉVENTION DES RISQUES IT / David FELDMAN
N°506 – novembre 2024
EXPERTISES N°505 - octobre 2024 - UNE IA DE CONFIANCE EST-ELLE POSSIBLE ? / Murielle POPA-FABRE
N°505 – octobre 2024
EXPERTISES N°504 - septembre 2024 - ACCULTURATION DES PME AU RGPD : VERS UNE CONFORMITÉ FACILITÉE / Sophie NERBONNE
N°504 – septembre 2024
EXPERTISES N°503 - juillet 2024 - RELATION CLIENT/FOURNISSEUR, UN DÉSÉQUILIBRE EN ÉVOLUTION / Stéphane LEMARCHAND
N°503 – juillet 2024
EXPERTISES N°502 - juin 2024 - Société à mission, un statut prisé par la Tech / Garance Mathias et François Gorriez
N°502 – juin 2024
EXPERTISES N°501 - mai 2024 - SAINT-GOBAIN : UNE GESTION AGILE DES FLUX TRANSFRONTIERES ET DES DONNEES / Charlène GABILLAT et Emma GOLDITÉ
N°501 – mai 2024
EXPERTISES N°500 - avril 2024 - DROIT DU NUMÉRIQUE : RÉTROSPECTIVE ET PERSPECTIVES / Alain BENSOUSSAN
N°500 – avril 2024
EXPERTISES N°499 - mars 2024 - Extra -                                                                                                                                                                                                                                         Territorialité: menaces et solution / Pierre DESMARAIS
N°499 – mars 2024
EXPERTISES N°498 - février 2024 - Rassurer les assureurs sur la Blockchain / Nicolas Hélénon, Delphine Mercelat, Emmanuel du Ranquet
N°498 – février 2024
EXPERTISES N°497 - janvier 2024 - FiDA, l’open finance qui fait peur à l’assurance / Anne-Sophie Morvan
N°497 – janvier 2024
EXPERTISES N°496 - décembre 2023 - Le droit, créateur d’un marché de la donnée / Marie-Hélène Tonnellier
N°496 – décembre 2023
EXPERTISES N°495 - novembre 2023 - L’Europe de la donnée, malgré les différences / Simon Chignard
N°495 – novembre 2023
EXPERTISES N°494 - octobre 2023 - Se défendre dans la jungle des noms de domaine wEB3 / Matthieu Quiniou
N°494 – octobre 2023
EXPERTISES N°493 - septembre 2023 - RGPD & Droit de la concurrence « Entente » mode d’emploi / Richard Milchior
N°493 – septembre 2023
EXPERTISES N°492 - juillet 2023 - DPO : un métier en souffrance / Bruno RASLE
N°492 – juillet 2023
EXPERTISES N°491 - juin 2023 - L’UE s’investit dans les crypto-actifs / Arnaud Touati
N°491 – juin 2023
EXPERTISES N°490 - mai 2023 - Transhumanisme : un changement de civilisation / Amandine Cayol, Emilie Gaillard et Coline Vuillermet
N°490 – mai 2023
EXPERTISES N°489 - avril 2023 - Anonymiser : une question de gestions de risques / Maryline Laurent
N°489 – avril 2023
EXPERTISES N°488 - mars 2023 - Actifs immatériels : Une valeur encore trop sous-estimée / Sylvie Gamet
N°488 – mars 2023
EXPERTISES N°487 - février 2023 - Flux transatlantique de données : Des progrès mais… / Bradley Joslove
N°487 – février 2023
EXPERTISES N°486 - janvier 2023 - L’intelligence juridique : pour un juriste stratège / Véronique Chapuis-Thuault
N°486 – janvier 2023
EXPERTISES N°485 - décembre 2022 - Les problématiques virtuelles des métavers / Caroline Laverdet
N°485 – décembre 2022
EXPERTISES N°484 - novembre 2022 - BIG DATA DEMATERIALISATION DU REEL / Antoinette Rouvroy
N°484 – novembre 2022
EXPERTISES N°483 - octobre 2022 - Intelligence artificielle : Vers une justice plus sécurisée / Thomas Cassuto
N°483 – octobre 2022
EXPERTISES N°482 - septembre 2022 - MiCA, un règlement qui manque de hauteur / Pierre Storrer
N°482 – septembre 2022
EXPERTISES N°481 - juillet 2022 - Néobanques, le far west bancaire / Aude Poulain de Saint Père
N°481 – juillet 2022
EXPERTISES N°480 - juin 2022 - Géopolitique du numérique et risque de fragmentation / HENRI VERDIDER
N°480 – juin 2022
EXPERTISES N°479 - mai 2022 - Ransomware : payez la rançon l'assurance rembourse / Valéria FAURE-MUNTIAN
N°479 – mai 2022
EXPERTISES N°478 - avril 2022 - RÉDUIRE LA POLLUTION DU NUMÉRIQUE : UNE LOI PIONNIÈRE / Patrick CHAIZE et Frédéric BORDAGE
N°478 – avril 2022
EXPERTISES N°477 - mars 2022 - LE CASSE-TETE DE LA FISCALITE DES CRYPTO-MONNAIES / Frédéric poilpré
N°477 – mars 2022
EXPERTISES N°476 - février 2022 - Véhicule connecté : l'enjeu des données / Romain Perray
N°476 – février 2022
EXPERTISES N°475 - janvier 2022 - DROIT DU LOGICIEL : ETAT DES LIEUX / Bernard LAMON
N°475 – janvier 2022
EXPERTISES N°474 - décembre 2021 - Open data judiciaire : Un lancement prudent / Estelle Jond-Necand
N°474 – décembre 2021
EXPERTISES N°473 - novembre 2021 - La data au cœur des investigations internes / Jean-Julien Lemonnier
N°473 – novembre 2021
EXPERTISES N°472 - octobre 2021 - ROMAIN DARRIERE / INFLUENCEURS VERS LA MATURITÉ
N°472 – octobre 2021
EXPERTISES N°471 - septembre 2021 - ENTENTES ALGORITHMIQUES / NATASHA TARDIF
N°471 – septembre 2021
EXPERTISES N°470 - juillet 2021 - Brevets IA : les écueils à éviter / Mathias Robert
N°470 – juillet 2021
EXPERTISES N°469 - juin 2021 - IA : POUR UN DROIT DE RUPTURE / ALAIN BENSOUSSAN
N°469 – juin 2021
EXPERTISES N°468 - mai 2021 - Néoassurance, un modèle qui émerge / Christophe Dandois
N°468 – mai 2021
EXPERTISES N°467 - mars 2021 - Humain / machine : la nouvelle division du travail juridique / Olivier CHADUTEAU
N°467 – mars 2021
EXPERTISES N°466 - mars 2021 - DSA/DMA : CHANGEMENT DANS LA CONTINUITÉ / ANNE COUSIN ET JEAN-MATHIEU COT
N°466 – mars 2021
EXPERTISES N°465 - février 2021 - CMP : UN PASSEUR DE CONSENTEMENT / Romain BESSUGES-MEUSY
N°465 – février 2021
EXPERTISES N°464 - janvier 2021 - L’expertise-conciliation : pacifier les litiges / Fabien CLEUET et François-Pierre LANI
N°464 – janvier 2021
EXPERTISES N°463 - décembre 2020 - Matching prédictif un recrutement biaisé / Stéphanie Lecerf
N°463 – décembre 2020
EXPERTISES N°462 - novembre 2020 - La révolution open banking / Thibault Verbiest
N°462 – novembre 2020
EXPERTISES N°461 - octobre 2020 - IA en procès / Yannick Meneceur
N°461 – octobre 2020
EXPERTISES N°460 - septembre 2020 - Smart city : intérêt général by design / Jacques Priol
N°460 – septembre 2020
EXPERTISES N°459 - juillet 2020 - Transmettre l'immatériel / David Ayache
N°459 – juillet 2020
EXPERTISES N°458 - juin 2020 - Les racines de notre dépendance technologique / Christian HARBULOT
N°458 – juin 2020
EXPERTISES N°457 - mai 2020 - Covid 19 & données personnelles<br>De la défiance à la confiance / Yann Padova” title=”EXPERTISES N°457 – mai 2020 – Covid 19 & données personnelles<br>De la défiance à la confiance / Yann Padova” description=”EXPERTISES N°457 – mai 2020-  Covid 19 & données personnelles<br>De la défiance à la confiance / Yann Padova”></div>
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EXPERTISES N°456 - avril 2020 - Pour l’ouverture<br>des données privées / Laurent Lafaye” title=”EXPERTISES N°456 – avril 2020 – Pour l’ouverture<br>des données privées / Laurent Lafaye” description=”EXPERTISES N°456 – avril 2020-  Pour l’ouverture<br>des données privées / Laurent Lafaye”></div>
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EXPERTISES N°455 - mars 2020 - Profilage :<br> pratiques & parades / Cédric Lauradoux” title=”EXPERTISES N°455 – mars 2020 – Profilage :<br> pratiques & parades / Cédric Lauradoux” description=”EXPERTISES N°455 – mars 2020-  Profilage :<br> pratiques & parades / Cédric Lauradoux”></div>
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EXPERTISES N°454 - février 2020 - La robustesse de<br>la PI face A l’IA / Franck Macrez” title=”EXPERTISES N°454 – février 2020 – La robustesse de<br>la PI face A l’IA / Franck Macrez” description=”EXPERTISES N°454 – février 2020-  La robustesse de<br>la PI face A l’IA / Franck Macrez”></div>
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EXPERTISES N°453 - janvier 2020 - RGPD : une révolution dans la continuité / Ariane MOLE
N°453 – janvier 2020
EXPERTISES N°452 - décembre 2019 - le droit de<br>la compliance<br>pour réguler l’internet / Marie-Anne Frison-Roche” title=”EXPERTISES N°452 – décembre 2019 – le droit de<br>la compliance<br>pour réguler l’internet / Marie-Anne Frison-Roche” description=”EXPERTISES N°452 – décembre 2019-  le droit de<br>la compliance<br>pour réguler l’internet / Marie-Anne Frison-Roche”></div>
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EXPERTISES N°451 - novembre 2019 - Data brokers :</br>le trou noir</br>des données personnelles / Antoine Dubus” title=”EXPERTISES N°451 – novembre 2019 – Data brokers :</br>le trou noir</br>des données personnelles / Antoine Dubus” description=”EXPERTISES N°451 – novembre 2019-  Data brokers :</br>le trou noir</br>des données personnelles / Antoine Dubus”></div>
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EXPERTISES N°450 - octobre 2019 - Numérique :<br>le défi fiscal / Frédéric Douet” title=”EXPERTISES N°450 – octobre 2019 – Numérique :<br>le défi fiscal / Frédéric Douet” description=”EXPERTISES N°450 – octobre 2019-  Numérique :<br>le défi fiscal / Frédéric Douet”></div>
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EXPERTISES N°449 - septembre 2019 - L'impérialisme<br>juridique / Olivier de Maison Rouge” title=”EXPERTISES N°449 – septembre 2019 – L’impérialisme<br>juridique / Olivier de Maison Rouge” description=”EXPERTISES N°449 – septembre 2019-  L’impérialisme<br>juridique / Olivier de Maison Rouge”></div>
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EXPERTISES N°448 - juillet 2019 - DPO : un métier<br>qui s’installe / Paul Olivier Gibert” title=”EXPERTISES N°448 – juillet 2019 – DPO : un métier<br>qui s’installe / Paul Olivier Gibert” description=”EXPERTISES N°448 – juillet 2019-  DPO : un métier<br>qui s’installe / Paul Olivier Gibert”></div>
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EXPERTISES N°447 - juin 2019 - Le RGPD : du droit sans vision stratégique / Julien Nocetti
N°447 – juin 2019
EXPERTISES N°446 - mai 2019 - IGN : la gratuitE des données en question / Marie Pisan
N°446 – mai 2019
EXPERTISES N°445 - avril 2019 - Nom de domaine un actif et des risques / Nathalie Dreyfus
N°445 – avril 2019
EXPERTISES N°444 - mars 2019 - Les logiciels libres, un modèle mature / Benjamin Jean
N°444 – mars 2019
EXPERTISES N°443 - février 2019 - Résister à la gouvernance algorithmique / François Pellegrini
N°443 – février 2019
EXPERTISES N°442 - janvier 2019 - Anticiper sa survie numérique au-delà de sa mort / Mathieu Fontaine
N°442 – janvier 2019
EXPERTISES N°441 - décembre 2018 - Intelligence artificielle et médecine quelle éthique pour demain ? / David Gruson
N°441 – décembre 2018
EXPERTISES N°440 - novembre 2018 - Blockchain AS A SERVICE Démocratisation de la blockchain ? / Marc-Antoine Ledieu
N°440 – novembre 2018
EXPERTISES N°439 - octobre 2018 - Nathalie Nevejans / Nathalie Nevejans
N°439 – octobre 2018
EXPERTISES N°438 - septembre 2018 - Pour la médiation judiciaire en  propriété  intellectuelle / Françoise Barutel Naulleau
N°438 – septembre 2018
EXPERTISES N°437 - juillet 2018 - Science-fiction : quand l’imaginaire devient source de droit / Fabrice Defferrard
N°437 – juillet 2018
EXPERTISES N°436 - juin 2018 - CONTRATS, Accès indirects & coûts cachés : SAP BRISE LA GLACE AVEC Ses utilisateurs / Gianmaria Perancin
N°436 – juin 2018
EXPERTISES N°435 - mai 2018 - L’innovation prédatrice Un nouveau défi pour le droit de la concurrence / Thibault Schrepel
N°435 – mai 2018
EXPERTISES N°434 - avril 2018 - LES données LA NOUVELLE INGENIéRIE  DU POUVOIR / Adrien Basdevant
N°434 – avril 2018
EXPERTISES N°433 - mars 2018 - L’open data de la jurisprudence : Le casse-tête de l’anonymisation / Loïc Cadiet
N°433 – mars 2018
EXPERTISES N°432 - février 2018 - RGPD : vers un futur standard global / Max Schrems
N°432 – février 2018
EXPERTISES N°431 - janvier 2018 - L’angoisse du RGPD la Cnil rassure / Jean Lessi
N°431 – janvier 2018
EXPERTISES des systèmes d’informationavril 2025 – N°511

L'édito du mois

Backdoor, frontdoor

L’accès aux communications chiffrées des messageries instantanées est une vieille revendication des services de renseignement. Elle est réapparue dans le cadre de la lutte contre les narcotrafics en juillet dernier, dans une proposition de loi sénatoriale par le biais d’un amendement, par la petite porte législative en quelque sorte, sans passer par un avis du Conseil d’Etat et une étude d’impact qui s’impose aux projets de loi. Mais une fois encore, les experts en cybersécurité ont été écoutés. Non seulement cette mesure serait inefficace car les criminels ne passeront plus par des messageries utilisées en France mais en plus elle fragiliserait le chiffrement en introduisant des failles. Et puis, cela affecterait le secret des correspondances des personnes, des entreprises, des avocats, etc.
Les députés qui suivent particulièrement les dossiers numériques, Eric Bothorel en tête mais aussi Philippe Latombe (voir interview), ont réussi à convaincre leurs collègues de la dangerosité du projet. L’article 8 ter de la proposition de loi visant à sortir la France du narcotrafic a été rejeté par 119 députés contre 24 dans la nuit du 20 au 21 mars 2025. Une rédaction modifiée de cet article adopté par le Sénat avait été soumis à la commission des lois de l’Assemblée nationale qui l’avait rejetée. Elle proposait de laisser chaque plateforme soumettre sa solution technologique pour avoir accès aux communications cryptées. Puis l’article avait été réintroduit en séance par la voie d’amendements d’Olivier Marleix, Mathieu Lefèvre et Paul Midy pour être définitivement supprimé.
En commission des lois, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau avait défendu cette mesure en expliquant qu’il ne s’agissait pas d’introduire une porte dérobée, une « backdoor », mais un dispositif de « frontdoor », c’est-à-dire une porte d’entrée assumée. Selon lui, il n’y a pas de porte dérobée, donc pas de faille et par conséquent pas d’affaiblissement du chiffrement. Il s’agit simplement de laisser un tiers écouter une conversation sans en avertir les correspondants. Dans ce cas, les messages sont « dupliqués » et envoyés directement à une tierce personne ». En clair, il s’agit de la technique du « ghost », mais ce qui n’est pas non plus sans dangers. « La question de savoir s’il s’agit ou pas de backdoors est stérile. Modifier des fonctions de sécurité de manière cachée afin de contrevenir à leur raison d’être, c’est introduire une porte dérobée. Point », affirme Guillaume Poupard, l’ex-directeur de l’Anssi.
Même modifiée, la proposition suscite le même rejet unanime des opérateurs de télécoms, des spécialistes de la cryptographie ou de la cybersécurité qui pensent que porter atteinte au chiffrement mettrait à mal toute la stratégie cyber de la France et de l’Europe.
La lutte contre les trafics de drogue ne peut qu’être approuvée mais pas à n’importe quel prix. Et la solution qui paraissait s’imposer peut comporter plus de risques et de dangers que de bénéfices. L’enfer est parfois pavé de bonnes intentions.

Le focus du mois

Legal Data Space

Une infrastructure de partage des données juridiques

Création en France d’une infrastructure technologique pour le partage des données juridiques publiques et privées dans un cadre sécurisé et normalisé pour un usage contrôlé, tracé et monétisé.

Grâce au Data Governance Act qui crée les conditions d’un marché européen de la donnée, le premier projet d’espace numérique souverain en Europe dédié au partage des données juridiques publiques et privées vient d’être lancé en France. Plus de soixante-dix acteurs de la legal tech et des technologies, des avocats, des juristes d’entreprise, le Conseil national des barreaux et l’Association française des juristes d’entreprise, etc., étaient réunis le 5 mars dernier à Paris pour la présentation officielle du projet Legal Data Space : une infrastructure de partage de données juridiques dans un cadre sécurisé et normalisé pour un usage contrôlé et tracé grâce à la blockchain, permettant aux systèmes d’information et logiciels d’IA des utilisateurs de s’y connecter. Elle permet le partage de l’accès aux données mais pas le partage des données qui restent chez les détenteurs qui autorisent un droit d’usage.
Le Legal Data Space s‘inscrit dans le cadre du règlement européen sur la gouvernance des données (Data Governance Act ou DGA), adopté le 23 juin 2022 et entré en vigueur le 24 septembre 2023 et dans celui du règlement européen sur les données (Data Act ou DA)du 13 décembre 2023, entré en vigueur le 11 janvier 2024 et applicable le 12 septembre 2025. Ces deux textes sont issus de la « stratégie européenne pour les données », dévoilée en février 2020 par la Commission européenne. L’objectif est de créer « un modèle alternatif aux pratiques de traitement des données des géants du numérique, qui disposent d’un pouvoir de marché élevé parce qu’ils contrôlent de grandes quantités de données ». Dans cette perspective, le DGA réglemente les processus et les structures qui facilitent le partage volontaire de données et le DA précise qui peut créer de la valeur à partir des données et dans quelles conditions, contribuant ainsi à la mise en place d’un marché unique des données de l’UE.
Plus particulièrement, le DGA crée un cadre de partage et d’utilisation des données, notamment par la mise en place d’ « espaces de données » sectoriels. Un espace de données peut être défini comme un cadre interopérable, basé sur des principes de gouvernance, des normes, des pratiques et des services communs, qui permet des transactions de données de confiance entre les participants. Il rassemble les infrastructures de données de différents partenaires et partage les informations de manière interopérable, sécurisée et standardisée, en intégrant des normes claires et des cadres de gouvernance. Il s’agit ainsi de mettre le maximum de données à disposition du plus grand nombre, tout en garantissant que ceux qui génèrent ces données en gardent le contrôle.
Les intermédiaires de données constituent des tiers neutres qui relient les détenteurs de données aux utilisateurs. Ils devront se conformer à des exigences strictes pour garantir cette neutralité et éviter les conflits d’intérêts. Cela implique une séparation structurelle et juridique entre le service d’intermédiation de données et tout autre service fourni.
C’est dans ce cadre que Thomas Saint-Aubain (co-fondateur de Seraphin.legal) et Martin Bussy (co-fondateur de JarvisLegal) avec le soutien de Droit.org ont eu l’idée de mobiliser l’écosystème du droit en vue de créer un commun en incitant au partage de la donnée, par le biais d’une infrastructure technologique à laquelle chacun des membres peut connecter son système d’information pour accéder aux données autorisées par leurs détenteurs : données publiques françaises et européennes en open data, données judiciaires, fonds doctrinaux, données contractuelles, corporate ou administratives. En aucun cas, il ne peut s’agir de données confidentielles ou sensibles. Le détenteur choisit les données dont il autorise la mise à disposition. L’accès à la donnée sera tracé via un smart contract et le détenteur sera rémunéré au moyen d’un token. Une couche d’IA a été introduite pour faciliter la collecte des données qui sont éparpillées. Par exemple pour produire un procès-verbal d’assemblée générale, un agent IA va automatiquement récupérer toutes les données nécessaires et générer le PV.
La gouvernance de l’infrastructure est orchestrée par l’association Droit.org, Institut français de l’information juridique, pour la détermination des règles d’usage et une start up va être créée pour l’exploitation de cette infrastructure. C’est cette structure qui sera juridiquement l’intermédiaire de données et qui émettra les tokens pour rémunérer les transactions. Ainsi les deux fonctions seront séparées comme le DGA l’impose.
Le projet Legal Data Space est donc lancé et montera en puissance en quatre tranches de neuf mois, chaque tranche ayant ses objectifs ambitieux, notamment en termes technologiques et d’inclusion de nouveaux participants : professionnels du droit (directions juridiques, cabinets d’avocats -petits et grands, notaires), associations professionnelles, ainsi que les legal techs. Aujourd’hui, il manque à l’appel les grands éditeurs juridiques qui disposent des plus importants fonds doctrinaux. Si les plus petits d’entre eux ont intérêt à rejoindre cet espace, ce qui leur donnerait plus de visibilité, ce n’est peut-être pas le cas des plus gros. Un appel à manifestation d’intérêt (AMI) est lancé pour les inviter à rejoindre ce projet. Reste encore beaucoup de sujets à finaliser comme le modèle économique ou la détermination de la valeur de la donnée.

par Sylvie Rozenfeld

L'invité du mois

Interview / Philippe Latombe

par Sylvie Rozenfeld

Souveraineté numérique : idéal ou réalité ?

Philippe Latombe est l’un des rares députés à être très actif sur les dossiers liés au numérique et les questions liées à la souveraineté numérique. Par ailleurs membre de la Cnil, il s’investi depuis son premier mandat aux données personnelles. Il est d’ailleurs à l’origine d’un recours, en son nom, contre le Data Privacy Framework devant le tribunal de l’UE jugé au fond le 1er avril dernier. Il nous livre son éclairage sur ces sujets mais aussi sur les textes en cours.

Sylvie Rozenfeld : Vous êtes député MoDem de la Vendée depuis 2017, et vous faites partie du groupe Les Démocrates depuis 2024. Vous êtes membre de la Cnil depuis 2022. En tant que parlementaire, vous vous êtes particulièrement investi dans les questions qui touchent au numérique. C’est pourquoi j’ai voulu vous rencontrer, d’autant que ce domaine est devenu particulièrement politique, voire géopolitique, avec des aspects de souveraineté qui vous sont chers.

Le numérique, et l’intelligence artificielle au-
jourd’hui, bouleverse en profondeur la société, notre vie quotidienne, les équilibres économiques et la politique. Pourtant, les parlementaires, les hommes et femmes politiques restent rares à s’en emparer. À l’Assemblée nationale, vous êtes peut-être moins d’une dizaine, pourquoi ce peu d’appétence, voire de compétence, pour ces questions ?

Philippe Latombe : Nous ne sommes pas nombreux en effet, et c’est la même chose au Sénat. Cela a toujours été le cas. D’abord, ce n’est pas un sujet très électoral. En circonscription, on m’interroge beaucoup plus sur les sujets du quotidien que sur ceux du numérique. Cela a un peu changé l’année dernière lors de la vague de rançongiciels et de fuites de données qui ont notamment touché France Travail, des hôpitaux et des mutuelles. Les gens ont été choqués d’apprendre que leurs données avaient potentiellement été atteintes. À cette occasion, dans ma circonscription, ils se sont rendus compte que j’étais membre de la Cnil, que je m’intéressais à ce sujet et ils m’ont questionné dessus. Mais c’est la première fois en sept ans.

Pourtant, ce sont devenus des sujets « grand public » ?
Pour autant au quotidien, ils se préoccupent de questions locales ou de pouvoir d’achat, sauf actualité particulière. Donc, ce n’est pas un sujet de campagne ou sur lequel on peut dire qu’à l’Assemblée on s’en est occupé. Une autre raison s’explique aussi par la compétence passée des députés. Jusqu’en 2017, ils étaient surtout des élus locaux qui n’avaient pas eu d’activités professionnelles par le passé, notamment dans le secteur privé. L’informatique n’était pas un champ auquel ils avaient été confrontés.

Pourtant, les technologies de l’information transforment notre société en profondeur et la politique.
Et on n’a encore rien vu, notamment en matière d’ingérences étrangères et de modifications de scrutin. Aujourd’hui, on sort d’une dissolution et de nouvelles élections pour lesquelles nos comptes de campagne ont été contrôlés et validés par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. Elle nous demande des justificatifs d’une autre époque, comme le paiement des affiches. Or aujourd’hui, c’est sur les réseaux sociaux que ça se passe. Et la Commission ne s’intéresse pas à la partie numérique ou à la marge si, en cas de dénonciation, le candidat a payé un abonnement à X pour être certifié. Le numérique change la manière de faire campagne. Prenons l’exemple de la Roumanie. Donc s’intéresser aux données personnelles, à l’IA, à toutes les évolutions du numérique, c’est essentiel pour l’avenir.

Votre cursus et votre expérience professionnelle n’étaient pas liés au numérique. Comment vous est venu cet intérêt pour ces questions techniques ?
J’ai fait toute ma carrière dans le financement bancaire et ensuite dans le contentieux. Quand je travaillais pour le financement bancaire, j’adorais m’occuper des start up et quand j’étais au contentieux bancaire, je traitais notamment ceux liés aux données personnelles et au secret bancaire. Puis quand je suis devenu député, je me suis investi à la commission des lois, sur la transposition du « paquet RGPD ».

Vous avez une appétence pour les sujets de souveraineté. En 2021, vous avez été rapporteur du rapport d’information intitulé « Bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne ». À l’époque, vous concluiez : « la construction d’une souveraineté numérique nationale et européenne doit être le fil rouge des décisions politiques mises en œuvre dans la décennie à venir. Il s’agit en effet d’un impératif absolu ». Une évidence aujourd’hui, mais à l’époque comment avait-il été accueilli par les parlementaires et par le gouvernement ?

Pendant le covid, au moment du confinement, l’Assemblée nationale n’a pas pu fonctionner en présentiel. Les débats se sont arrêtés alors qu’on en avait besoin. Le président de l’Assemblée s’est alors rendu compte que nos outils ne nous permettaient pas de garantir le secret des échanges et des délibérations. Les réunions de commission se faisaient par Zoom. À la commission de la défense, certains avaient …

Les doctrines du mois

Données personnelles

Pour une anonymisation innovante au service de la confidentialité

Par Noémie Weinbaum

Entre exigences réglementaires, divergences d’interprétation entre les autorités et réalité technique, l’anonymisation s’impose comme un sujet central dans les débats sur la protection des données. L'identification est-elle un concept absolu ou une notion relative qui dépend du contexte et des outils d'analyse ? L’anonymisation à l’ère du numérique soulève des paradoxes et des défis, notamment en ce qui concerne ses limites, ses implications légales et les nouvelles perspectives offertes par l’évolution technologique.

Règlementation

Dora: premiers pas et derniers développements

Par Vincent DENOYELLE et Camille LARREUR

Etat des lieux sur l'application de Dora, les normes techniques associées et les impacts pratiques sur l'implémentation de Dora.
Le règlement (UE) 2022/2554 du Parlement Européen et du Conseil du 14 décembre 2022 sur la résilience opérationnelle numérique du secteur financier (le "règlement Dora") établit un cadre harmonisé relatif à la gestion par les entités financières des risques liés aux technologies de l’information et de la communication (TIC). Il est applicable depuis le 17 janvier 2025.

Protection du logiciel

Logiciel en SaaS : quel dépôt ?

Par Eric Barbry

Le passage de l’usage on-premise vers le SaaS pose la question de la protection du client en cas de disparition ou de défaillance du prestataire. Le dépôt doit être repensé, les clauses de séquestre dans les contrats revisitées et les contrats d’entiercement modifiés.

Intelligence artificielle

La règlementation européenne face aux défis de l’IA

Par Sylvain Joyeux et Agnès Laugeri

Entrées en application le 2 février 2025, les interdictions relatives aux IA inacceptables sont déjà le fondement de premières actions collectives dans l’Union européenne.

Drones

L’interdiction des taxis volants au-dessus de Paris : une décision définitive ?

Par Laurent Archambault et Pascal Dupont

La décision du Conseil d’Etat du 18 décembre 2024 qui a annulé l’arrêté du 4 juillet 2024 qui encadrait une expérimentation d’aéronefs à décollage et atterrissage verticaux électriques ( eVTOL ou drones taxis électriques avec ou sans pilote à bord) dans Paris, ne remet pas pour autant en cause le principe d’une hélistation dédiée aux taxis volants.

RGPD

Quand le RGPD fait échec à l’exécution du contrat

Par Alexandre FIÉVÉE

Comme chaque mois, Alexandre Fievée tente d’apporter des réponses aux questions que tout le monde se pose en matière de protection des données personnelles, en s’appuyant sur les décisions rendues par les différentes autorités de contrôle nationales au niveau européen et les juridictions européennes. Ce mois-ci, il se penche sur la question de savoir si le RGPD peut faire obstacle à l’exécution d’un contrat entre un distributeur et un diffuseur, auquel la personne concernée n’est pas partie.

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